Compositeurs Préférés

compositeur classique

Quels sont vos compositeurs préférés ?

Je respecte tous les compositeurs, mais je me sens très proche des compositeurs allemands et autrichiens de la période classique jusqu’à l’époque romantique.

J.S. BACH

Pour la simplicité et le côté très « complet » de ses œuvres. Il a respecté un cadre académique très précis et pourtant on découvre dans ses compositions une richesse inouïe. La contrepartie est qu’on s’ennuie très rapidement lorsqu’il est mal interprèté.

Bach dépasse le sentiment « terre-à-terre ». Il montre que la musique est grande. Ses partitas, suites, sarabandes et gigues s’inspirent de la musique populaire avec un charisme extraordinaire. C’est toujours très chaleureux et gai.

L.V. BEETHOVEN

Je travaille l’intégrale de ses sonates et concertos. Je ressens dans chaque pièce une douleur sous-jacente que le compositeur parvient à surmonter Cette douleur est compréhensible par tous, ce qui explique le succès universel de ce compositeur. C’est le rôle du pianiste de faire ressentir au public par son interprétation juste comment cette souffrance a pu être surmontée. Beethoven est pour moi un peu un guide de la vie, en prise avec les douleurs et les joies de l’existence. Quand Bach, lui, est déjà au ciel. Aucune de ses compositions ne parlent des « petites » émotions humaines.

Beethoven cherche également le raffinement. À cause de sa profondeur, on pense que c’est toujours fort. Pour Beethoven, la souffrance est ancrée très profondément, mais est en même temps cachée pudiquement. Souvent dans ses 2e mouvements, le son doit venir de très loin. L’interprète doit révéler la douleur et la manière de surmonter cet état. Pour moi, les histoires composées par Beethoven finissent bien, ou bien, il laisse une porte ouverte au public.

F. SCHUBERT

C’est l’exemple même du raffinement, et qui pourrait être comparé en gastronomie à un *** Michelin. Schubert n’était pas pianiste et sa musique est pour moi comme un chant, si naturelle et facile à écouter. Mais faire vivre ses mélodies  est une autre paire de manches ! Schubert doit être joué très différemment de Mozart. Il est une incarnation du romantisme. Et comme pour le chant, il ne faut pas s’arrêter au tempo. Le pianiste doit respirer et faire la ligne, comme le chanteur. L’interprète doit savoir aller au-delà de la partition et se mettre à la place du compositeur.

Les Impromptus représentent très bien l’esprit Viennois. Ils peuvent être très simples, peu difficiles à analyser mais extrêmement difficiles à interpréter. L’interprète doit se projeter et projeter le public à Vienne au XIXe siècle.

F. CHOPIN

Par sa délicatesse, son génie resplendit dans les « petites » pièces. Sa musique est à la fois très plaisante et mélancolique. Le danger avec Chopin est de le jouer de manière superficielle et un peu prétentieuse. Quand je joue du Chopin, j’ai les doigts qui se mettent à danser ! et pourtant Il faut faire très attention car l’équilibre des doigts reste primordial. Comme pour un danseur, un seul écart peut déséquilibrer une pièce. Pour que ses mélodies vivent, il faut aussi prendre garde au rythme. Sa musique doit rester extraordinaire.  La ligne est très fine comparée à Schubert. Pour moi, Schubert est plus masculin, il représente l’équilibre, la pureté et donc le raffinement, quand je vois chez Chopin plus de finesse et de souplesse. Par analogie avec la haute couture, Chopin représente le très haut de gamme, pour lequel des matières de première qualité créent une élégance incomparable.

F. LISZT

C’est un compositeur que les Asiatiques jouent beaucoup pour impressionner. Très à l’aise techniquement, j’étais fière de le jouer. Mais Liszt, ce n’est pas cela. Au-delà de la technique, pour bien le comprendre, il faut être très sincère. Quand je vois un grand paysage, c’est Liszt. Pour moi, sa musiquer est en grande partie très religieuse. Il faut éviter absolument la vulgarité. Le pianiste doit rejeter la tentation de faire du spectacle et adopter l’attitude de celui qui prie.

btt