Maîtres

Certains êtres sont capables de changer votre vie. Je rends hommage dans cette partie aux pianistes que j’admire et qui ont su au-delà de leur maîtrise technique me pousser à aller plus loin dans la recherche de la musicalité et de la profondeur.

Leur respect des compositeurs et de leurs œuvres, leur perfectionnisme et leur sens de l’esthétisme m’accompagnent quotidiennement. Je retrouve dans cette relation élève-maître  toute la quintessence de la culture asiatique. Ces maîtres sont élevés en Asie au rang honorifique de « Trésor National vivant ».

THEODOR BREU

1er prix du concours Mendelssohn en 1961, unique élève du grand Julius Katchen, Théodor Breu a mis sa vie au service de sa passion, la musique.

Il est né avec un don qui l’a mis d’emblée au-dessus de tous les autres. On ne peut que se sentir petit devant l’écrasante force de sa musique. Les rares qui ont eu le privilège de l’écouter en sont ressortis bouleversés à jamais. La pureté et la sincérité de son jeu nous mènent droit à Dieu.

Aujourd’hui encore, je l’écoute le souffle coupé, les frissons me parcourant tout le corps.

Je sais enfin depuis cette première rencontre et ce coup de foudre musical vers où je dois aller. Je mesure la chance que j’ai eue de croiser son chemin et l’extrême honneur qu’il me fait en me transmettant son savoir-faire.

EDSON ELIAS

Edson Elias, brésilien, professeur au conservatoire de Genève et à l’École Nationale Supérieure de Musique de Paris, et aujourd’hui décédé, changea radicalement ma façon d’appréhender le piano. Jusqu’à une rencontre avec lui, je m’inscrivais dans la lignée des pianistes « asiatiques », maîtrisant ce que l’on nomme couramment la technique du piano,. L’entendre jouer une des sonates de Mozart me fit entrevoir le fossé qui me séparait de son monde. J’aimais, devant lui, comparer la pureté de sa musique à la douceur de la peau d’un bébé. C’est ainsi que je décidai de venir en France suivre ses cours, d’oublier tout ce qu’on avait pu m’apprendre. Cette expérience, douloureuse, semée d’embûches et d’impasses, m’aida profondément à développer la sonorité que je recherchais.

Edson Elias, doté d’une intelligence remarquable et excellent pédagogue, m’aiguillait dans cette recherche, sans pour autant vouloir m’imposer sa technique qui lui était si particulière.

btt